Voilà une région qui est pour moi, synonyme de « retour dans le passé ». Tout le charme du
Moyen-âge, cette époque mythique qui transporte l’imaginaire d’aujourd’hui, se retrouve dans ces châteaux et à travers la cité même de Carcassonne. Un territoire riche en histoire et en
découvertes de toutes sortes. Je me suis concentrée particulièrement sur les vestiges de son passé, mais il y a encore bien plus à y découvrir. A chacun d’explorer la chaussure qui sied à son
pied !
Une petite précision avant de
commencer…
Dans cet article, je vais parler d’une ville et aussi d’une région. Un défi en quelque sorte puisque l’histoire surtout, est assez dense. Si j’ai choisi
de réunir ces deux endroits en un seul article, c’est principalement à cause de l’histoire du catharisme qui a bien marqué la région et occupe une place prépondérante dans son passé. C’est une
histoire qui me passionne depuis un peu plus d’une année et sans dire que je me sois plongée à fond dans le sujet, j’y ai quand même accordé un peu de temps. Aussi, afin de faciliter les choses,
je vais me concentrer sur la cité de Carcassonne et non pas sur la ville qui s’étend au pied de la colline. Par cité, on entend la ville médiévale fortifiée, cet endroit fortement touristique,
mais au passé des plus remarquables.
Ensuite, je vais aborder cette région que l’on appelle aujourd’hui, le Pays Cathare. Cette dénomination est
très récente (depuis les années 1990) et a été instaurée par le département de l’Aude afin de promouvoir son patrimoine culturel. Le territoire répondant à cette dénomination ne correspond pas
réellement aux lieux où s’est étendue la doctrine (ou l'hérésie) cathare, mais nous verrons un peu à travers l’histoire de la région, pourquoi l’office du tourisme l’a choisie.
Géographie
La cité fortifiée de Carcassonne est situé sur une colline à 150 mètres d’altitude, sur le bord de l’Aude, un
petit fleuve qui se jette dans la méditerranée tout près de Narbonne. Son emplacement dans un couloir formé par la Montagne noire et les Pyrénées lui donne un accès direct avec un important axe
de communication, connu et utilisé depuis le néolithique. Ce passage permet en effet de relier l’océan Atlantique à la mer méditerranée.
Le Pays Cathare, lui, se trouve dans une région délimitée des Corbières. C’est un endroit montagneux qui a
pendant un temps, servi de frontière avec le royaume d’Espagne. Depuis les divers sommets, une vue prenante sur la région s’offre à nous, donnant une vision de plaine surplombée de collines
éparses.
Intérêt
Historique
Des traces humaines ont été retrouvée dans la région et montrerait une occupation datant de
1 500 000 ans av. J.-C ! Toutefois, son histoire commence surtout avec l’occupation romaine qui s’est établit entre 118 et 30 Av. J-C. Le site de Carcassonne était considéré comme
un oppidum. Un oppidum est en fait un « lieu élevé, une fortification, un lieu de refuge public caractéristique de la civilisation celtique, dont les
défenses naturelles ont été renforcées par des travaux collectifs. Il est souvent situé sur un lieu élevé (une colline ou un plateau) ». Les romains se sont donc emparé de ce site, l’on
occupé et ont agrandit les fortifications déjà existantes. A cette époque, la région aurait connue une belle période de paix et un commerce florissant, ce qui n’empêcha pas la construction d’une
série de remparts et de tours afin de protéger la ville. Au milieu du Vème siècle, les Wisigoth s’emparent de la cité et d’une partie de la région.
Mais qui sont les Wisigoth ?
Une petite parenthèse pour parler des Wisigoth que je ne connaissais pas et dont le nom m’amuse. Il s’agit en
fait d’un peuple considéré comme des barbares. A savoir qu’à l’origine, cette appellation de « barbares » était donnée à tous les peuples étrangers aux grecs et aux romains et n’avait
pas forcément la connotation péjorative qu’on lui prête aujourd’hui. Germanique d’origine scandinave, les Wisigoth ont été fortement influencés par l’Empire Romain et ont joué un rôle assez
important en Europe occidentale, surtout entre les Vème et VIIIème siècles AP. J-C. Pendant une période, ils contrôlèrent une grande partie du sud-ouest de la Gaule, ainsi que la côte
Ibérique… enfin, ce que l’on considère aujourd’hui comme l’Espagne. Ils furent toutefois anéantis lors des invasions par les troupes sarrasines dans la région qui tomba alors sous occupation
musulmane. Voilà pour la petite parenthèse.
Ainsi donc, les Wisigoth occupèrent la région de Carcassonne qui continua de prospérer jusqu’à l’arrivée des
fameuses troupes musulmanes. Suite à cette conquête, la ville tomba pour un temps entre les mains sarrasines avant d’être reprise en 752 par les Francs conduits par Pépin le Bref. C’est de cette
époque aussi que date la légende qui donna son nom à la ville. Comme j’adore savoir d’où viennent les appellations des endroits que je rencontre, voici la fameuse légende.
La ville, sous occupation sarrasine, avait à sa tête une certaine Dame Carcas. Encerclée par les troupes de
Charlemagne, la résistance aurait tenue assez longuement que les deux troupes, assiégés et assiégeants, seraient devenus affamés. Alors qu’il ne restait qu’un petit cochon et une mesure de
blé dans la cité, la fameuse Dame Carcas aurait eût l’idée d’engraisser le porcelet et de le jeter ensuite par-dessus les murailles de la cité. Quelle folle ! Mais non… en fait, ce
stratagème avait pour but de démoraliser l’adversaire en lui faisant croire qu’il leur restait assez de vivres pour se permettre de gaspiller un porc nourrit au grain ! Découragé, les
troupes de Charlemagne se seraient donc retirées, levant ainsi le siège de la ville. Heureuse d’avoir triomphée, la Dame Carcas aurait fait sonner cloches et trompettes et Charlemagne se serait
ainsi écrié : « Carcas sonne »... Amusant quand même comme légende !
La ville est donc maintenant entre les mains des Francs et continue de prospérer. La construction de la
cathédrale est entreprise en 1096 et peu après, le château comtal est amorcé. Qui dit château comtal, dit bien sûr que des comtes y ont habités. Ce fût en effet le cas, puisqu’en 1082, la famille
Trencavel pris possession de la ville. Bien sûr, il y eût des mésententes entre la famille Trencavel, la maison de Barcelone et le comte de Toulouse… on ne peut pas être amis avec tous ses
voisins, surtout en ces périodes troubles !
D’ailleurs, là s’amorce un grand pan de l’histoire du catharisme.
Mais qu’est-ce que c’est, le catharisme ?
Le nom « cathare » vient du latin « katharos » et signifie
« pur ». En fait, il s’agit d’un mouvement dérivé du christianisme qui s’est élevée contre l’Église de Rome principalement à cause de la corruption et des enseignements peu
conformes à ce qui était considéré (par les cathares) comme le vrai message de Dieu. C’est pourquoi ils furent considérés comme hérétiques et finirent par être exterminés. Leurs
prêcheurs étaient surnommés « Parfaits » ou « Parfaites », dans le sens de « parfaits hérétiques », alors qu’entre eux, ils s’appelaient affectueusement
« Bonshommes » ou « Bonnes Femmes ».
Il faut savoir qu’à cette époque, les prélats et les curés n’étaient pas tous des modèles de bonne
tenue ! Ils se vautraient souvent dans la luxure tout en étant très exigeants envers leurs ouailles. A l’opposé, les Bonshommes et les Bonnes Femmes, menaient une vie chaste et dépouillée,
empreinte de douceur, de sérénité et de compréhension envers ceux moins vertueux qu’eux même. Ils mangeaient peu et s’interdisaient la consommation de toute viande, considérant le commandement de
la bible «Tu ne tueras point », comme s’étendant à toute espèce vivante.
Leur doctrine était basée sur l’opposition entre le Bien et le Mal. Pour eux, l’âme avait été créée à l’image
de Dieu et donc, représentait le concept du Bien emprisonnée par le corps, considéré comme le Mal. Donc pour eux, tout ce qui concernait le corps et ses satisfactions : alimentation, procréation,
plaisirs, étaient considérés comme des manifestations du mal. Pourtant, tout en prônant une vie chaste et éloignée du péché, ils se montraient plutôt tolérants et compréhensifs envers ceux qui y
succombaient, contrairement à l’Eglise Catholique qui était on ne peut plus sévère envers les «pécheurs». Les Cathares
rejetaient aussi entièrement l’Ancien Testament tout comme les rites de l’Église Catholique (le mariage, pour eux, servait simplement à se déculpabiliser du péché de la chair !). Enfin, ils
ne pratiquaient d’un seul et unique sacrement appelé le « Consolament ». Par ce sacrement, la personne s’engageait à vivre dans une foi Cathare complète et à renoncer à tous les vices
de la vie. Il fallait un engagement sincère et total pour se voir donner ce sacrement et beaucoup ne le recevaient que mourants, se garantissant ainsi une place au paradis et le pardon de ses
péchés.
Les Parfaits et les Parfaites se promenaient entre les villes et les châteaux pour y répandre ce qu’ils
appelaient la vraie foi. Avec eux, ils transportaient l’Évangile de Saint-Jean traduit dans le langage commun et donc, accessible à tous. Bien sûr, ce n’était pas le cas des Évangiles
récités par l’Eglise Catholique qui elle, dispensait ses messes en latin et dont la lecture des écrits était réservée à une certaine élite…
Avec tout ça, il n’est pas très difficile de comprendre pourquoi ce mouvement connu un tel retentissement
dans la région ! Pourtant, d’après ce que j’ai lu, la force de ce mouvement ne venait pas tant du nombre de personnes s’y intéressant qu’à la classe dans laquelle elle s’était insinuée.
Contrairement à ce que j'aurais cru, ce n’était pas tant les basses classes de la population qui se sentaient attirées par le Catharisme, mais plutôt les hautes classes sociales, l’aristocratie,
etc.
«Loin d'être une religion populaire, c'est la religion d'une
minorité. Mais cette minorité est celle des puissants : aristocratie rurale et élites urbaines, comme, à Fanjeaux et en de très nombreux autres lieux, les coseigneurs et les consuls
réunis ».
(Citation de l’historien
Michel Roquebert)
Mais revenons un peu à Carcassonne et à notre fameux « Pays Cathare ». Face à la montée de
l’hérésie Cathare, le pape ne pouvait bien sûr pas rester sans réagir. C’est Innocent III qui lança ce qui fut appelé, la « croisade contre les Albigeois ». Ce nom vient de la ville
d’Albi, qui était aussi sous la tutelle de Raimon-Roger de Trencavel et reconnue pour héberger de très nombreux adeptes de la vraie foi. En fait, ce vicomte se montra très favorable
envers la doctrine cathare et il chercha à protéger un maximum de ses adeptes, allant même jusqu’à se faire excommunier.
De 1208 à 1244, la région connue donc guerres et massacres, principalement pour cette question religieuse, mais y mêlant aussi quelques enjeux
territoriaux. Le fameux Raimon-Roger Trencavel fût l’un de ces principaux acteurs, mais aussi Simon de Montfort, un militaire qui devint le chef de la croisade après avoir réussit à s’emparer de
la ville de Carcassonne en 1209. Entre autre personnage, le Roi d’Aragon tenta lui aussi de faire valoir ses droits sur ces terres, mais il ne réussit pas à obtenir gain de cause auprès du pape
et rentra, lui aussi, dans la bataille… pour y être tué en 1213.
Lors de la première vague attaquante, le roi de France était resté plutôt en retrait, mais il s’investi
beaucoup plus dans la vague suivante, alors que déjà, l’Église menait son inquisition dans la région. En 1240, il y eut une ultime tentative de reprise de la cité de Carcassonne par le fils du
Vicomte de Trencavel. Cette tentative échoua et la cité fut officiellement cédée à la France en 1247. Au terme de ces années de guerre, le bilan est à peu près celui-ci : l’inquisition
est menée pour faire la chasse aux hérétiques, les buchers fument un peu partout dans la région du Languedoc, les territoires du sud-ouest sont annexés au royaume français, mais une menace pèse
toujours sur les frontières du sud, celles communes avec le royaume d’Aragon.
La cité de Carcassonne, déjà sous occupation française depuis Simon de Montfort, se vit ordonné la
construction d’une deuxième enceinte afin que la place soit disposée à soutenir de longs sièges. Suite à l’ultime tentative de reprise de la cité en 1240, le roi fit ériger des citadelles sur la
frontière avec l’Aragon. Ceux-ci avait apportés leur soutien aux Trencavel et continuait de faire pression sur les frontières du royaume de France. Ces cinq citadelles furent appelées « les
fils de Carcassonne » et composent cet ensemble de forteresses que l’on retrouve aujourd’hui sous l’appellation touristique de « châteaux du Pays Cathare ». On y compte les
châteaux d’Aguilar, de Puylaurens, de Termes, de Peyrepertuse et de Quéribus. Disposés sur une ligne de front, ils occupaient à l’époque, une position stratégique de choix.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ces forteresses ne furent pas construites par les cathares. Plusieurs sites leur servirent de refuge et
hébergèrent des Parfaits, mais ça, c'était bien avant que ces châteaux ne tombent aux mains du roi de France. Toujours est-il qu’après l’inquisition, l'hérésie cathare fut bel et bien
éradiquée. Il était facile de repérer les différents représentants de cette religion, puisqu’ils avaient comme mot d’ordre de ne pas mentir… même pour sauver les leurs ! Ils se sont donc
livrés d’eux-mêmes, dénoncés par leurs semblables.
Au XVème siècle, la cité de Carcassonne devient une prison d’État. Elle connaît ensuite les guerres de
religion, mais les différentes petites attaques qu’elle connait ne l’émeuvent point, fortement défendue comme elle l’est ! Elle souffre d’avantage de fléau comme la peste et seule la ville
basse fait les frais des pillages.
A partir du XVIIème siècle, la cité commence à être abandonnée progressivement et la population à se
transférer vers la ville basse. Les raisons sont multiples : le siège de la juridiction de la ville se déplace de la cité vers la ville basse, un traité signé avec l’Espagne redéfinie les
frontières, faisant perdre à Carcassonne, sa position militaire stratégique et enfin, le siège épiscopal lui-même abandonne l’Église Saint-Nazaire pour descendre dans la ville basse. La cité
devient ainsi, progressivement, le lieu où ne résident que les plus pauvres et les moins aisés de la population. Son accès difficile, ses ruelles étroites, ses remparts même, ne conviennent plus
aux besoins de la population et au XIXème siècle, la destruction complète de la cité est à l’ordre du jour.
On doit sa sauvegarde à Jean-Pierre Cros-Mayrevieille, un citoyen à la fois notable et historien qui pris à
cœur le sort de la cité. En quelques années, l’Église Saint-Nazaire fut classée monument historique et très vite, la cité au complet fut mise sous cette appellation. Des travaux de restauration
furent entrepris puisque laissée à l’abandon, les bâtiments avaient perdu non seulement leur éclat, mais tombait littéralement en décrépitude. Napoléon III lui-même approuva les projets de
restauration et les travaux furent financés à 90% par l’État. C’est l’architecte Eugène Viollet-le-Duc qui fut chargé de l’étude de ces structures et de leur restauration.
Aujourd’hui, la cité de Carcassonne reçoit plus de trois millions de visiteurs par année, en faisant l’un des
sites les plus visités de France.
Le département de l’Aude nomma « Pays Cathare » l’ensemble du territoire où ont été érigés
les cinq « fils de Carcassonne » et qui comprend aussi de nombreuses bourgades fortifiées susceptibles d’avoir hébergé des Parfaits. On compte aussi de nombreuses abbayes dans
cette région.
Attraits
touristique
La cité de Carcassonne
On s’en doute, avec une cité entièrement restaurée depuis le XIXème siècle, c’est un peu un musée à ciel ouvert que l’on peut y découvrir ! Comme
pour les Baux-de-Provence, il suffit de se
promener dans les ruelles ou sur les remparts pour se sentir imprégné de cette ambiance typique du Moyen-âge. A chaque coin de rue, à chaque tournant, on peut y faire une découverte hors du
temps. Remparts, tours, chemin de ronde, portes et de nombreux bâtiments racontent leur histoire depuis l’époque romaine, en passant par les traces de l’architecture wisigothe et par les
fortifications typiques du Moyen-âge. Qui s’intéresse aux différents types d’architectures à travers les âges est ici très bien servi, mais même le néophyte en la matière aura de quoi s’amuser
l’œil !
En terme plus strict de lieux à visiter, on pense bien sûr au château comtal qui a été bâtie
par l’un des Trencavel à avoir habité les lieux. La basilique Saint-Nazaire est aussi l’un des monuments qui reste de cette période troublée. De nombreux agrandissements ou
restaurations se sont faites au cours des siècles, mais les bases du bâtiment témoignent de son ancienneté.
Ça, c’est bien sûr sans compter toutes les animations qui ont lieux dans la cité pendant la période
touristique qui s’étend sur presque toute l’année ! Musiciens, troubadours, costumes, acteurs défilent sur les places publiques et donnent vie et ambiance festive à la ville fortifiée, nous
ramenant dans son passé prestigieux.
Le Pays Cathare
Comme je l’ai déjà mentionné, ce « pays » est le site de nombreuses abbayes, châteaux, forteresses,
bourg fortifiés, mais aussi, de paysages montagneux et de plaines. Pour profiter pleinement de la visite, il faut toutefois avoir une voiture et éviter autant que possible la forte saison
touristique ! Toutefois, s’il est possible de visiter la majorité des sites sur presque toute l’année, la saison touristique offre quand même plus de possibilités. A se renseigner avant de
partir !
Lors de mon passage dans cette région, nous avons fait un bref arrêt au château d’Arque. Il pleuvait et hors
saison touristique, nous n’avons pu que contempler la tour de son donjon depuis l’extérieur. Nous aurions bien sûr pu visiter la Maison Déodat Roché, dont l’homme fut l’un des
premiers historiens du catharisme, mais comme notre intérêt était plutôt focalisé sur les châteaux, nous avons passé outre.
Nous avons roulé tranquillement sur les routes, parcourant des paysages magnifiques, changeant la pluie en
soleil et allant nous perdre dans les éoliennes avant de finalement parvenir à notre première véritable visite de château : celui de Quéribus.
Je me rappelle encore l’excitation que j’ai ressentie en apercevant sa silhouette perchée sur le sommet rocheux, bien longtemps avant qu’on atteigne le
stationnement d’où nous pouvions partir explorer cette citadelle ! On la décrit comme un « dé posé sur un doigt » et cette image nous permet d’avoir une idée de sa visibilité
depuis l’horizon. On l’appelle aussi la « citadelle du vertige » et c’est vrai que de la voir comme ça, perchée à 728 mètres d’altitude, nous donne déjà un peu le vertige avant même
d’entreprendre son ascension.
Les premières mentions du château de Quéribus datent de 1020. Il aurait alors fait partie du
comté de Besalù puis de Barcelone avant d’appartenir à la maison d’Aragon. Lors de la croisade contre les Albigeois, la citadelle aurait hébergée et ravitaillée de nombreux cathares fugitifs
avant de tomber entre les mains des Français en 1255.
C’est par un escalier taillé dans le roc que l’on accède au château, découvrant sur certains paliers, les
systèmes de défense de la place : portes fortifiées (par grand vent, on a un peu l’impression que la citadelle elle-même nous repousse !), chemin de ronde (attention pour ceux qui ont
le vertige), casemates, meurtrières… On découvre aussi que l’endroit servait entre autre de lieu de vie et non seulement de place militaire forte. De nombreux bâtiments ont été remaniés pour
servir aux besoins des différentes époques. On se rappelle que la place a tout de même été occupée jusqu’au XVIIème siècle, date de la signature du Traité des Pyrénées.
Depuis là haut, on a bien sûr une vue extraordinaire sur les environs : les Corbières, les Pyrénées, la
plaine du Roussillon et plus encore. On aperçoit aussi, quand on y prête un peu attention, le deuxième château qui a fait l’objet de notre visite… celui de Peyrepertuse. A cette époque, comme je
ne savais pas du tout quoi chercher comme château (je n’avais jamais vu de photos de l’endroit), je ne portais aucune attention à ce sommet rocailleux, pas plus qu’à ceux qui
l’entourait !
La citadelle de Peyrepertuse est connue depuis 842 et serait tombée entre les mains de Simon
de Montfort en 1217 avant d’être reprise par le roi de France, Louis IX en 1258 afin de fortifier sa position face au Roi d’Aragon.
Ce qui est particulier dans cette forteresse perchée à 800 mètres d’altitude, c’est l’impression de fusion
entre le château (en ruines) et la montagne. En fait, depuis la route, c’est à peine si on remarque les constructions sur ce sommet rocheux et personnellement, j’ai eu grand peine à le voir avant
de l’avoir visité ! On entre dans l’enceinte par une porte située au bas de la montagne et on grimpe jusqu’au sommet de ce piton rocailleux par un escalier taillé dans la roche, au bord du
précipice. Assez vertigineux et interdit d’accès par grands vents… on comprend pourquoi après l’avoir emprunté ! Depuis le sommet toutefois, la vue panoramique à 360° est à couper le souffle
(encore plus lorsqu’il vente…). Comme pour Quéribus, la vue s’étend autour de nous, vaste et impressionnante.
Je me rappelle que l’on avait voulu s’arrêter pour visiter aussi le château de Puylaurens,
mais comme celui-ci, à l’instar des deux autres, est perché sur un éperon rocheux et que la journée déclinait rapidement (on était tout de même en janvier), nous avons passé outre cette visite
qui aurait pu se révéler dangereuse à la nuit tombante. En relisant les descriptions de l’endroit, je me dis que tout de même, sa visite doit être elle aussi magnifique ! La flore qui
l’entoure semble plus importante que pour les deux autres châteaux et on parle même d’une visite botanique pour monter jusqu’à la citadelle !
Bien sûr, les autres « fils de Carcassonne » semblent offrir des visites tout aussi mémorables et à
lire les différents sites parlant du Pays Cathare sur le net, je m’aperçois bien que les possibilités de visites des châteaux, des abbayes et des forteresses ne manquent pas. Le choix sera
difficile lors de mon prochain passage dans la région !
Pour les amateurs de randonnés, je crois qu’il y a aussi de belles places à découvrir et des sentiers
permettant de découvrir d’une autre façon, cette superbe région. J’en ai d’ailleurs découverts quelques uns ici…
Conclusion
Quand je repense à ce voyage plus que bref à travers le Pays Cathare, il y a maintenant plus de six ans, je
me dis que c’est quand même une belle découverte que nous avons fait là. Une seule journée, c’est tout ce que nous avons pu nous permettre pour sillonner les routes à la recherche du passé. En
relisant tout ça aujourd’hui, je me dis que même une semaine, ce serait trop court pour profiter pleinement des attraits de la région ! Le souvenir de ces forteresses perchées aux sommets
des éperons rocheux reste quand même dans ma mémoire, comme l’une de mes plus belles découvertes de voyage.